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Face au plus long shutdown de lhistoire americaine et a des marches toujours plus sensibles aux mega-caps technologiques, la question de la resilience des portefeuilles devient centrale.

Face au plus long shutdown de l’histoire américaine et à des marchés toujours plus sensibles aux méga-caps technologiques, la question de la résilience des portefeuilles devient centrale.

Publié le
09 décembre, 2025
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Opinions d'experts
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Suite à la récente levée du shutdown aux États-Unis, qui a entraîné d’importantes pertes économiques et érodé la confiance, comment le marché a-t-il réagi ?

 

Les États-Unis ont connu 15 shutdowns majeurs depuis 1980, et généralement, leur impact sur les marchés financiers reste limité. Le précédent record de longévité avait eu lieu sous la présidence Trump, mais le shutdown récent, qui a duré 43 jours, est devenu le plus long de l’histoire américaine. Cette fermeture prolongée a engendré des conséquences économiques significatives, avec un coût compris entre 7 et 14 milliards de dollars selon le Congressional Budget Office. Ce coût est lié aux interruptions notables dans l’assistance alimentaire, les services aériens, ainsi qu’au non-paiement des salaires des fonctionnaires, affectant plus de 750 000 employés fédéraux.

 

Ce contexte a érodé la confiance des consommateurs et des entreprises, créé un manque de visibilité pour la Fed en raison du retard des publications économiques clés concernant l’emploi et l’inflation, et ralenti l’activité économique avec une baisse de la consommation locale, notamment dans les zones où l’emploi public est important. Néanmoins, la réaction des marchés a été relativement contenue, avec un S&P 500 qui a progressé de près de 2,5% pendant cette période.

 

Toutefois, cette euphorie boursière a rapidement laissé place à une prudence accrue, notamment due à un ton plus restrictif adopté par certains membres de la Réserve fédérale, inquiets des retards de publication des données économiques. Par ailleurs, les valorisations du marché américain restent élevées, avec un ratio cours/bénéfice anticipé autour de 23 fois, supérieur à la moyenne historique à long terme. Cette valorisation élevée est en grande partie concentrée dans les méga-capitalisations technologiques — telles que Nvidia, Meta, Microsoft, Amazon et d’autres leaders du secteur — dont les multiples bénéficient d’un engouement marqué pour l’intelligence artificielle.

 

Cette concentration expose le marché à des risques de corrections rapides si les prévisions de croissance des bénéfices ne sont pas au rendez-vous. À cela s'ajoutent des facteurs spécifiques dans le secteur technologique : l’obsolescence rapide des processeurs graphiques (GPU), la variabilité des politiques d’amortissement, et un décalage croissant entre résultats comptables et flux de trésorerie. Le triomphe de Nvidia au troisième trimestre, associé à la montée en puissance de Blackwell et au soutien des « hyperscalers », laisse entrevoir un avenir radieux à court terme, mais les risques liés à des dépenses d'investissement incontrôlées sans résultats rentables et à la dépréciation des GPU pèsent lourdement. Les « hyperscalers » sont confrontés à un équilibre délicat : investir massivement pour rester à la pointe de l'IA ou risquer d'être mis sur la touche, tout en sachant que les pratiques comptables peuvent masquer des dépréciations imminentes. Ces éléments pourraient bientôt tester la résilience des plus grandes entreprises technologiques et, par extension, celle du marché dans son ensemble.

 

 

 

Cette levée du shutdown influence-t-elle les anticipations des investisseurs et leur approche en matière de diversification, en particulier face aux incertitudes liées aux politiques de tarifs.

 

La fin du shutdown a certes modéré les anticipations des investisseurs, mais sans remettre en cause les incertitudes structurelles qui persistent. Les projections de croissance pour 2025 sont actuellement autour de 2%, selon les dernières estimations du FMI d'octobre, en ralentissement par rapport au 2.8% constatée en 2024. L’inflation s’avère plus modérée qu’anticipé, malgré le maintien de droits de douane élevés imposés par l’administration Trump, avec une légère réduction des hausses tarifaires suite à des accords partiels avec certains partenaires commerciaux.

 

Cette situation a conduit à une révision à la baisse des probabilités d’une baisse des taux directeurs par la Fed en décembre 2025, qui tombent à environ 35% contre 70% a la fin du shutdown. Les investisseurs anticipent désormais un resserrement monétaire plus prudent, visant à contenir une inflation persistante qui pourrait perdurer plus longtemps en raison des tarifs douaniers. Le principal enjeu etant l'accord avec la Chine dont un moratoire a ete accordé pendant 1 an. 

 

Sur le plan de la gestion de portefeuille, face à la valorisation élevée du marché américain et à ces incertitudes, une approche prudente domine. On observe une rotation significative vers des actifs non américains, en particulier les marchés européens et asiatiques émergents, perçus comme offrant un meilleur potentiel de valorisation ajustée au risque. Par ailleurs, les secteurs dits défensifs comme la santé, l’énergie et les biens de consommation durables aux États-Unis attirent l’attention, car ils présentent un profil de résilience face aux chocs économiques.

 

En somme, la levée du shutdown apporte un soulagement à court terme mais n’influence pas fondamentalement la stratégie des investisseurs, qui privilégient toujours la diversification internationale et sectorielle pour gérer les risques liés à un contexte économique et géopolitique marqué par l’instabilité tarifaire et les interrogations sur la politique monétaire américaine.

 

 

 

Dans un environnement où les attentes en matière de rendement restent élevées malgré la conjoncture incertaine, comment la banque accompagne-t-elle les investisseurs dans la construction de portefeuilles plus résilients et dans l’arbitrage entre performance, risque et diversification ?

 

En seulement quelques jours, la prise de conscience des valorisations élevées dans le secteur technologique américain s’est traduite par une hausse significative du VIX, l’indice de la peur, qui a bondi de 43%, traduisant un stress marqué chez les opérateurs de marché. Parallèlement, le NASDAQ, fortement exposé aux valeurs technologiques, a corrigé de plus de 4%. Cette correction, bien qu’importante, ne fait pas revivre un scénario comparable à l’éclatement de la bulle Dot.com au début des années 2000. Aujourd’hui, les géants technologiques, ou « hyperscalers », affichent une rentabilité solide et leurs valorisations, bien que élevées, restent plus raisonnables que celles de cette période.

 

L’enjeu majeur pour les investisseurs réside désormais dans la confirmation que les investissements réalisés dans la technologie et l’intelligence artificielle se traduisent concrètement par une croissance des bénéfices. À l’approche de la fin des publications des résultats du troisième trimestre aux États-Unis, la croissance des bénéfices dépasse les 10%, témoignant de la résilience des entreprises face à un environnement marqué par la pression tarifaire. De plus, les flux de trésorerie des principaux acteurs technologiques restent majoritairement positifs.

 

La correction en cours, avec une baisse attendue de l’ordre de 10 à 15%, est en réalité un mécanisme sain, permettant au marché de retrouver de l’équilibre, sans pour autant évoluer vers un krach dépassant 20%.

 

Dans ce contexte, notre approche consiste à privilégier des portefeuilles intégrant systématiquement des segments de diversification faiblement corrélés aux marchés actions classiques. Nous avons ainsi réduit notre exposition directe aux actions américaines, pour surpondérer les obligations en dollars américains, qui bénéficient des conditions actuelles de marché. Les propositions d’investissement reposent sur des convictions solides, souvent avant que ces classes d’actifs ne deviennent des tendances majeures.

 

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